Le plus dur est-il à venir? - Compassion Suisse

Le plus dur est-il à venir?

Les perspectives de fin de crise Covid sont une bonne nouvelle. Mais là où règne l’extrême pauvreté, il faudra vraisemblablement beaucoup de temps pour que les enfants retrouvent le monde d’avant.

Même dans le quotidien des enfants soutenus à travers Compassion, la sortie de la pandémie va révéler les traces profondes de cette période.

Déscolarisation massive

1,6 milliard d’enfants ont été déscolarisés en raison de la pandémie Covid. Dans certains pays, en particulier d’Amérique latine, les enfants n’ont plus été à l’école en présentiel depuis bientôt deux ans. 

Les chiffres manquent pour déterminer avec précision la proportion des enfants qui n’ont pas non plus suivi de cours à distance, là où ils étaient disponibles.

Ce qui est sûr, c’est que le retard pris dans l’acquisition scolaire va avoir un impact sur le développement de tous ces enfants.

Daniela en Ouganda, a eu la chance de bénéficier de cours à la maison organisés par le centre Compassion.

La malnutrition, une gangrène

Mais ne pas aller à l’école entraîne d’autres problèmes. En effet, de nombreux enfants ont été privés du repas consistant de midi qui leur était servi à l’école. Et pour de nombreux enfants, ce repas constitue le seul de la journée. La perte de revenus de dizaines de millions de travailleurs journaliers n’a pas facilité la tâche des parents. Le nombre de témoignages de familles n’ayant pas les moyens de nourrir leurs enfants chaque jour est lui aussi en augmentation. L’arrêt des écoles prétérite donc la santé globale de l’enfant, avec des conséquences directes sur son développement.

La réouverture des centres en Bolivie a permis à de nombreux enfants de retrouver une alimentation saine et régulière.

Travail des enfants à la hausse

Conséquence directe de la fermeture provisoire des écoles, le travail des enfants est reparti à la hausse. Les quelques sous supplémentaires que ce travail rapporte ont poussé de trop nombreux parents à en profiter. Et à l’heure où les écoles ouvrent à nouveau, de nombreux enfants n’y retourneront pas. L’intérêt économique des familles va prédominer. Et tant pis, si c’est un avantage à court terme. Et tant pis aussi s’il est acquis au détriment de l’acquisition des connaissances utiles sur le long terme.

«160 millions d’enfants âgés de 4 à 17 ans travaillent, dont un tiers sans jamais aller à l’école.»

Selon l’UNICEF et l’Organisation internationale du travail (ILO), 8,4 millions de filles et de garçons supplémentaires ont été mis au travail d’enfants. Aujourd’hui, toujours selon ces deux organisations, 160 millions d’enfants âgés de 4 à 17 ans travaillent, dont un tiers sans jamais aller à l’école. 70% travaillent dans le domaine agricole, 20% dans le domaine des services et 10% dans celui de l’industrie.

Les mariages précoces menacent

Autre conséquence de la déscolarisation, les mariages précoces sont repartis à la hausse. D’après l’UNICEF, 10 millions de filles se sont retrouvées exposées par cette menace en raison de la pandémie. Dans certains pays, comme au Malawi, dès le début de la pandémie, des rumeurs se sont mises à circuler que les écoles ne rouvriraient plus jamais. «Jeunes filles, vous avez meilleur temps de vous marier pour assurer votre avenir!», leur disait-on.

Les perspectives de paupérisation d’une adolescente qui se marie, souvent comme deuxième ou troisième femme à un mari plus âgé sont très importantes. En effet, mariage précoce rime avec déscolarisation. Une femme est donc privée de connaissances et donc de formation professionnelle qui faciliteraient pourtant un emploi générateur d’un (meilleur) revenu pour elle et sa famille.

Ratna a failli faire partie des 22% de jeunes filles mariées avant l’âge de 15 ans au Bangladesh (lire dans notre magazine de 2021).

La santé se dégrade

La pandémie a retardé le suivi médical des enfants et mis à l’arrêt forcé les campagnes de vaccination de base dans de nombreux pays. Pour la seule année 2020, 23 millions d’enfants n’ont pas eu droit à un rappel de vaccin de base contre les maladies infectieuses les plus dangereuses, une augmentation de 4 millions par rapport aux années précédentes.

Dès le début de la pandémie, les centres de développement de l’enfant et le département «programme» de Compassion se sont mobilisés pour venir en aide aux familles des enfants parrainés les plus fragilisées par ses effets. 19,8 millions de réserves de nourriture ont été distribuées aux familles, soit plus de 300 millions de repas assurés. Des initiatives ont été prises pour faciliter, encourager ou même assurer l’enseignement à distance. Et les travailleurs sociaux ont multiplié les contacts téléphoniques, les visites des familles pour identifier les impasses financières dans lesquelles certaines étaient embourbées (impossibilité de régler le loyer, l’électricité, les frais de santé, etc.).

Compassion reste mobilisé pour protéger et soutenir 2,2 millions d’enfants très vulnérables et leurs familles, avec vous. Le parrainage d’un enfant apporte une réponse stable et sur la durée aux risques de fragilisations liés à la pauvreté en général mais aussi aux risques de pandémie, de catastrophes naturelles et de conflits.