Pouvons-nous parler de certaines des réalités auxquelles sont confrontées les filles en situation de pauvreté? Les mutilations génitales féminines, la pauvreté due aux menstruations, les mariages forcés d’enfants, le trafic d’êtres humains et l’éducation perturbée sont des problèmes réels auxquels les filles sont confrontées au quotidien. Les défis sont immenses mais ils ne sont pas insurmontables.
Chaque année, 3 millions de filles risquent de subir une mutilation génitale féminine (1). Cette pratique brutale implique l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales. Bien qu’elle soit illégale dans de nombreux pays, la mutilation génitale féminine est encore considérée par beaucoup comme un rite de passage culturel signalant qu’une fille est prête à devenir une femme et à se marier.
L’Organisation mondiale de la santé a qualifié les MGF de «forme extrême de discrimination à l’égard des femmes» et de «violation des droits de l’enfant». Les conséquences de ce rituel sont débilitantes : infections, traumatismes psychologiques, douleurs chroniques, difficultés à uriner, infertilité ou, pire encore, décès.
Pour Faith, 14 ans, au Kenya, les questions des MGF et du mariage des enfants sont des menaces concrètes. Une fille et une femme kenyanes sur cinq âgées de 15 à 49 ans ont subi une MGF et près d’une fille kenyane sur quatre est mariée avant son 18e anniversaire (2).
«Dans notre communauté, lorsqu'une fille atteint l'âge de 9 ans, elle subit une MGF et est ensuite mariée. Je connais des filles de mon âge qui ont subi cette pratique»
Faith, 14 ans - Kenya
Florence Lomariwo
Florence est enseignante et responsable d’un centre de développement de l’enfant de l’une des Eglises partenaires de Compassion au Kenya. Elle dirige également une école et un centre de secours pour les filles à risque. Au cours des 20 dernières années, elle a sauvé plus de 400 filles qui étaient soumises aux MGF et au mariage précoce. Aujourd’hui, ces filles vont à l’école et à l’université. La passion de Florence pour la défense des droits des filles est alimentée par sa propre expérience à l’âge de 9 ans seulement.
«Un vieil homme avait approché ma famille pour arranger un mariage avec moi. Il voulait que je sois sa quatrième épouse», se souvient Florence. «Je ne voulais pas être mariée, alors je me suis enfuie et j’ai vécu dans une famille qui m’a accueillie et qui a soutenu mon désir de terminer mon éducation et de faire quelque chose par moi-même.»
Florence a terminé ses études secondaires et s’est formée à l’enseignement. Elle a épousé l’homme de son choix – un privilège que peu de femmes de son âge connaissent.
«Les filles et les femmes forment le pilier d’une nation. Une fille éduquée signifie que la communauté peut faire de meilleurs choix au niveau de la famille. Lorsque les filles et les femmes sont économiquement autonomes, la communauté entière en ressent les bénéfices», partage Florence.
Qu’est-ce que cela fait d’avoir ses règles quand on vit dans la pauvreté? Les Nations Unies estiment que plus de 1,25 milliard de femmes et de filles n’ont pas accès à des toilettes sûres et fermées pour gérer leurs menstruations. Les produits pour les règles sont souvent inaccessibles pour les familles à faible revenu, ce qui oblige les filles à utiliser des articles non hygiéniques comme des chiffons, du papier journal ou des sacs en plastique. Dans cette situation, chaque mois, les filles n’ont d’autre choix que de manquer l’école et d’être exclues des activités qu’elles aiment.
Les règles sont un sujet tabou dans de nombreuses cultures, ce qui ajoute une couche supplémentaire aux désavantages pour les filles menstruées. Monse, 13 ans, au Honduras, sait que certaines filles de son âge pensent qu’il est inapproprié de parler des règles.
«Les filles ont honte ou rougissent lorsque le mot menstruation est mentionné. Même les hommes de ma communauté pensent que les femmes sont impures lorsqu’ils découvrent qu’elles ont leurs règles. La désinformation explique qu’ils agissent et pensent ainsi», partage Monse.
La stigmatisation des règles affecte la dignité, la confiance et l’estime de soi d’une fille. Malheureusement, cela signifie que les filles dans la pauvreté sont souvent livrées à elles-mêmes, qu’elles souffrent en silence pendant leurs règles, paralysées par des sentiments de honte.
Les filles du programme de parrainage de Compassion reçoivent un soutien adapté à leur culture pour les aider à gérer leurs règles avec confiance et en toute sécurité. Au Honduras, Wendy, directrice d’un centre de développement de l’enfant de Compassion, organise un atelier sur les règles pour les filles de sa communauté. Elle donne à chaque fille une boîte contenant des serviettes hygiéniques, un livret d’information, des lotions corporelles et quelques friandises.
«Grâce à cet atelier, je n’ai pas paniqué lorsque j’ai eu mes premières règles. Maintenant, je continue à faire mes activités quotidiennes sans problème», témoigne Monse.
Chaque année, des millions de personnes dans le monde sont victimes de la traite à des fins de travail, d’exploitation sexuelle ou de mariage forcé. Une victime sur quatre est un enfant, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). Les femmes et les filles pauvres sont les plus exposées à cette horrible réalité : 71 % de toutes les victimes de la traite sont des femmes (3).
Parfois, les filles sont kidnappées. D’autres fois, les familles en proie à l’extrême pauvreté se voient promettre que leurs filles auront un meilleur avenir ailleurs. Les trafiquants peuvent être connus de l’enfant ou agir de manière opportuniste, mais le plus souvent, les auteurs font partie de groupes criminels organisés. Les filles et les femmes victimes de la traite sont généralement contrôlées par la peur, la violence ou les dettes qu’elles ont été le plus souvent forcées de contracter. Il est difficile pour elles d’entrevoir une issue.
L’organisation anti-esclavagiste International Justice Mission (IJM) est en première ligne pour secourir les survivants et traduire les auteurs en justice. IJM sauve et ramène les survivants de la traite à la stabilité et à la sécurité.
Compassion se tient aux côtés d’IJM en tant que défenseur de la protection des enfants et des droits des filles dans la pauvreté à travers le monde. Les Eglises partenaires de Compassion s’engagent à connaître, aimer et protéger chaque enfant qui leur est confié. Grâce à notre programme de parrainage d’enfants, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires pour identifier les enfants vulnérables afin de réduire le risque d’être victime de la traite.
«Nos programmes et initiatives au sein de Compassion sont toujours soucieux de protéger les enfants. Les dangers sont réels, et ce que nous faisons pour protéger les enfants l'est aussi»,
Mary Ann, spécialiste de la protection de l'enfance pour Compassion Philippines.
Bien qu’il soit illégal dans de nombreux pays, le mariage des enfants reste très répandu et culturellement ancré. De manière alarmante, il devient de plus en plus répandu. L’UNICEF estime que 10 millions de filles supplémentaires pourraient être confrontées au mariage des enfants d’ici 2030 à cause de COVID-19. L’impact de la pandémie passe par la perturbation de l’éducation des filles, et l’augmentation de la pauvreté, l’absence d’accès aux services sociaux, autant de catalyseurs de l’augmentation des mariages d’enfants.
Une fois mariées, les filles subissent une pression croissante pour tomber enceintes, même lorsque leur jeune corps n’est pas prêt pour donner naissance à un enfant. Pour ces filles, le risque de complications pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale est accru, tandis que la probabilité qu’elles restent à l’école fond comme neige au soleil.
«Le mariage des enfants n’est pas acceptable. Une fille n’est pas préparée physiquement ou mentalement à assumer le rôle d’une grande personne», déclare Lauri, 13 ans, en République dominicaine.
Poussés par la pauvreté ou pressés par la tradition, certains parents au Burkina Faso n’hésitent pas à marier leurs jeunes filles. Bien que l’âge légal du mariage dans le pays soit de 17 ans, l’UNICEF rapporte que plus de 52% des filles au Burkina Faso sont mariées avant 18 ans, dont 10% déjà avant l’âge de 15 ans.
Pour Djamila, 14 ans, le soutien de son centre de développement de l’enfant a été déterminant pour empêcher son mariage avec un homme beaucoup plus âgé. Le père de Djamila prévoyait secrètement qu’elle soit mariée à un homme adulte avant son quinzième anniversaire. Lorsqu’elle l’a découvert, Djamila a été terrifiée. Elle aurait dû quitter l’école et commencer à avoir des bébés.
Djamila s’est immédiatement confiée à la directrice du centre de développement de l’enfant partenaire de Compassion. Et cette dernière a alerté les autorités. Djamila a été emmenée dans une maison sécurisée et ses parents ont été conseillés sur les dangers du mariage des enfants. Heureusement, ils ont changé d’avis.
«Sans le soutien du centre, j’aurais été mariée contre mon gré à un jeune âge. Je remercie tous les collaborateurs de m’avoir évité de devenir une épouse. Que Dieu les bénisse», déclare Djamila.
Toutes ces questions contribuent à un problème plus large pour les filles en situation de pauvreté: l’éducation perturbée. Le COVID-19 a exacerbé cette crise de l’apprentissage pour les filles. Jusqu’à 130 millions de filles n’étaient déjà pas scolarisées avant COVID-19. On estime que 11 millions de filles supplémentaires ne sont pas retournées à l’école depuis le début de la pandémie (4).
Il est important de maintenir les filles à l’école. L’avantage économique de l’éducation est évident. Chaque année supplémentaire d’école primaire augmente le salaire futur d’une fille jusqu’à 20%. Mais au-delà de l’augmentation des revenus, les écoles offrent également aux filles un lieu de refuge et de sécurité pendant leur enfance et leur adolescence. Les écoles offrent aux filles un soutien social, mental et émotionnel et, dans de nombreux endroits, des repas gratuits. Par-dessus tout, l’éducation peut contribuer à offrir aux filles une voie de sortie de la pauvreté générationnelle et les aider à atteindre leur plein potentiel.
Alors pourquoi les filles en situation de pauvreté restent-elles à l’écart de l’école? Pour certaines, elles n’y ont tout simplement pas accès dans leur communauté. Mais nous savons aussi qu’en temps de crise, les filles sont généralement les premières à la quitter et les dernières à y retourner, si tant est qu’elles y retournent. Elles peuvent être obligées de rester à la maison pour s’occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes et effectuer les tâches ménagères. Elles peuvent être contraintes de travailler ou de se marier pour des raisons financières ou culturelles. Certaines peuvent tomber enceintes ou ne pas avoir les ressources nécessaires pour gérer confortablement leurs règles à l’école. Dans de nombreuses situations, les parents d’une fille peuvent ne pas soutenir la poursuite de son éducation, renforçant ainsi les cycles générationnels de pauvreté difficiles à briser.
Le programme de parrainage d’enfants de Compassion permet d’éliminer les obstacles qui empêchent les filles de terminer leur éducation. Pour Fatoumata au Burkina Faso, le soutien de Compassion, de son parrain et de son Eglise lui a permis de devenir la première personne de sa famille à étudier à l’université. Elle est passionnée par le fait de voir d’autres jeunes femmes s’élever au-dessus de tout ces obstacles pour construire elles-mêmes leur avenir.
«N’abandonnez jamais l’éducation, surtout pour les filles. Il y a un dicton qui dit que l’éducation d’une fille équivaut à l’éducation d’une nation. L’éducation est essentielle pour que les enfants développent les compétences que Dieu leur a données», déclare Fatoumata.
Le parrainage est UN DES BONS MOYENS D’AGIR CONTRE LA PAUVRETÉ DES FILLES.
Ainsi, on LUI OFFre UN AVENIR REMPLI D’ESPÉRANCE.
Votre parrainage permet d’entourer une fille en situation de pauvreté d’un réseau de soutien qui protégera aussi bien son enfance que son avenir. Elle recevra des conseils et des soins personnels de la part des collaborateurs locaux. Elle bénéficiera de bilans de santé réguliers, d’un soutien en matière d’hygiène, d’une alimentation complémentaire, d’une formation professionnelle et de compétences de vie. Elle recevra des lettres d’encouragement d’une marraine, d’un parrain attentionné.
Sources
Blog rédigé avec l’aide de Rachel Howlett, Isaac Ogila, Juana Ordonez Martinez, Jehojakim Sangare, Edwin Estioko et Yrahisa Mateo.
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